Interventions de réadaptation physique pour les personnes présentant des affections post-COVID-19
POSITIONS DE L’INESSS À CE JOUR (28 septembre 2021)
En se basant sur la documentation scientifique disponible, sur les guides de pratique recensés et sur les consultations menées auprès de huit experts du domaine de la réadaptation, et en tenant compte de l'adaptation de sa démarche habituelle de production scientifique, l'INESSS est d’avis que :
Deux profils cliniques avec des niveaux d’atteinte et des besoins de réadaptation distincts semblent se dessiner. La différence entre les deux profils cliniques se précise avec le temps en fonction de l’évolution des signes et symptômes. Ces profils paraissent se caractériser par la temporalité de l’apparition des signes et symptômes, leur persistance dans le temps, et leur relation avec la sévérité de la maladie initiale.
Présentation précoce
Les personnes présentent des signes et symptômes apparus dans les premières semaines après avoir contracté la COVID-19. Ces signes et symptômes sont souvent le reflet de la sévérité de la maladie initiale et sont parfois suffisamment sévères pour nécessiter une hospitalisation. Les études de réadaptation ciblent le plus souvent cette clientèle présentant un tableau s’apparentant davantage à un déconditionnement.
Il est raisonnable de considérer que les interventions de réadaptation physique sont bénéfiques pour ce groupe, le niveau de preuve scientifique varie de faible à modéré selon le résultat clinique ciblé et a été apprécié à partir d’articles primaires, corroboré par plusieurs guides de pratiques internationaux et par des experts québécois du domaine de la réadaptation.
Plus spécifiquement :
- Une variété d’interventions de réadaptation peut être utilisée en fonction des besoins de ce groupe : exercices physiques, éducation et autogestion, reprise des activités quotidiennes et interventions de conservation de l’énergie, soutien psychologique et social, suivi nutritionnel et interventions de réadaptation pulmonaire, cardiovasculaire, cognitive ou olfactive;
- L’usage d’interventions de réadaptation semblerait efficace pour améliorer la condition physique, la fonction respiratoire et la reprise des activités de la vie quotidienne (niveau de preuve scientifique de faible à modéré);
- L’usage d’intervention de réadaptation semblerait procurer une amélioration de la qualité de vie et du niveau d’anxiété pour les personnes ayant été hospitalisées en raison de la COVID-19 (niveau de preuve scientifique faible);
- Aucune des études retenues n’analyse cependant les effets indésirables en lien avec les interventions de réadaptation comme paramètre d’intérêt donc aucune conclusion ne peut être tirée sur l’innocuité de ces interventions;
- Plusieurs experts dans les guides de pratique recommandent une évaluation médicale préalable à la réadaptation. Certains suggèrent aussi de surveiller les signes et symptômes lors des exercices physiques et de consulter un médecin en cas de problème pour écarter la présence d’une complication médicale grave.
Présentation tardive
Certaines personnes présentant des signes et symptômes d’apparition tardive ou persistants plus de 4 semaines, voire 12 semaines après avoir contracté la COVID-19. Ces signes et symptômes ne sont pas nécessairement proportionnels à la sévérité de la maladie lors de l’infection initiale. Ces personnes peuvent avoir été ou ne pas avoir été hospitalisées en raison de la COVID-19. Ce groupe semble représenter la majorité des personnes aux prises avec des affections post-COVID-19, et une forte proportion des personnes dans ce groupe présente des malaises post-effortet de la fatigue incapacitante. Malgré le peu de données scientifiques concernant ce groupe, l’adoption d’une approche de réadaptation distincte et prudente semble indiquée selon les experts québécois consultés.
Plus spécifiquement :
- Pour ce groupe, une approche axée davantage sur les interventions de conservation de l’énergie que sur l’exercice physique et l’entraînement des capacités est préconisée par les experts consultés. Cette approche mise sur l’accompagnement individualisé, l’écoute empathique, l’enseignement et le soutien pour aider la personne à comprendre, à accepter et à respecter ses seuils de tolérance à l’activité. Une reprise progressive et prudente des activités quotidiennes antérieures serait amorcée seulement lorsque les symptômes sont stabilisés. L’activité physique ne serait envisagée que beaucoup plus tard et ne serait pas centrale à cette approche, selon ces experts, sauf pour les personnes âgées, chez qui une reprise plus rapide de l’activité physique serait encouragée pour éviter le déconditionnement lié à une sédentarité excessive;
- Plusieurs guides de pratique internationaux appuient la pertinence de la reprise lente et prudente des activités quotidiennes et des interventions de conservation de l’énergie pour éviter les rechutes et les malaises post-effort chez ce groupe.
En bref
Les deux groupes semblent se distinguer principalement par l’évolution des signes et symptômes en fonction du temps et par leur relation proportionnelle ou non avec la sévérité de la maladie ou avec l’intensité de la prise en charge. Toutefois, aucun critère précis n’a encore été établi pour permettre de distinguer ces deux groupes sans équivoque. Il semble donc prudent, dans les cas où les signes et symptômes sont présents plus de 4 semaines après l’infection, de vérifier si la personne présente des malaises post-effort ou de la fatigue incapacitante, et d’adopter une approche axée sur la conservation de l’énergie si tel est le cas.