Étude sur l'usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens chez les adultes québécois
2009-03-01 | Médicaments: Usage optimal
Étude de cohorte 2004-2008
En septembre 2004, le rofécoxib (VioxxMC), un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) très utilisé, était retiré du marché canadien. Peu de temps après, soit en avril 2005 et en octobre 2007 respectivement, deux autres inhibiteurs sélectifs de la cyclooxygénase-2 (coxibs), le valdécoxib (BextraMC) et le lumiracoxib (PrexigeMC), subissaient le même sort. Le retrait de ces produits de même que la publication de nombreuses études sur les risques associés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens ont probablement modifié les habitudes de prescription des médecins, incitant ces derniers à plus de prudence relativement à l’usage des AINS.
Les objectifs de cette étude consistaient à dresser un portrait de l’usage des AINS chez les personnes de 18 ans ou plus assurées au régime public d’assurance médicaments depuis le retrait du rofécoxib le 30 septembre 2004 et à déterminer les facteurs associés au fait de recevoir un coxib plutôt qu’un AINS non sélectif lors d’une nouvelle période de traitement.
Une étude rétrospective de cohorte longitudinale a été menée à partir des banques de données administrées par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). La population à l’étude comprenait toutes les personnes âgées de 18 ans ou plus ayant reçu une première ordonnance pour un AINS, entre le 1er octobre 2004 et le 30 septembre 2007. Les caractéristiques des personnes (âge, sexe, catégorie d’assuré, diagnostics récents), leurs facteurs de risque (gastro-intestinal, cardiovasculaire et rénal) et les caractéristiques des traitements (usage pour 60 jours consécutifs ou plus, usage antérieur d’un analgésique, usage concomitant d’acide acétylsalicylique [AAS]) ont été analysés en fonction du groupe de traitement et de l’année d’entrée dans l’étude. Quatre groupes de traitement ont été créés, soit les groupes ayant reçu :
- un AINS non sélectif seul;
- un AINS non sélectif plus un gastroprotecteur de type inhibiteur de la pompe à protons (IPP);
- un coxib seul;
- un coxib plus un gastroprotecteur de type IPP.
Un modèle de régression logistique multivarié a été construit pour déterminer les facteurs associés au fait de recevoir un coxib plutôt qu’un AINS non sélectif lors d’une nouvelle période de traitement.
De 2004 à 2007, on observe une baisse (7,2 % à 5,4 %) de la prévalence de l'usage des AINS en tant que nouveau traitement chez les assurés de 18 ans ou plus. Parmi les 157 216 nouveaux utilisateurs d’AINS en 2006-2007, 73,6 % ont reçu un AINS non sélectif et 15,1 % de ces derniers l’ont reçu avec un IPP. Parmi les 41 427 personnes (26,4 %) qui ont reçu un coxib, pour la même période, 25,8 % l’ont reçu avec un IPP. Alors que l’usage des coxibs était relativement faible en 2004-2005 (19,5 %), il semble augmenter et l’augmentation absolue s’établit à 6,9 % pour la période de 2004-2005 à 2006-2007. Les principaux facteurs associés au fait de recevoir un coxib plutôt qu’un AINS non sélectif lors d’une nouvelle période de traitement sont l’âge (rapport de cotes [RC] ajusté : 9,1 chez les personnes de 75 ans ou plus comparativement aux 18 29 ans) et l’usage pour 60 jours consécutifs ou plus (RC ajusté : 2,9). Notons que la majorité de ces traitements (88,7 %) ont été prescrits par des omnipraticiens.
L’usage des AINS a changé considérablement au Québec si on le compare à celui qui avait cours durant la période précédant le retrait du rofécoxib. Il ne semble toutefois pas optimal, surtout chez les personnes les plus à risque. Des interventions ciblant particulièrement le traitement des personnes à risque de recevoir un AINS du point de vue gastro-intestinal et le traitement des personnes âgées devraient être mises en place afin d’améliorer l’usage des AINS chez ces populations.