Place de l'oxygénothérapie hyperbare dans la prise en charge de la paralysie cérébrale
2007-01-31 |
La paralysie cérébrale et sa prise en charge
Au Québec, quelques milliers d’enfants sont atteints de paralysie cérébrale, affection qui reste incurable pour le moment. Sa prise en charge est de nature multidisciplinaire et vise en général l’amélioration de la fonction musculaire, de la mobilité articulaire et des capacités d’expression verbale ainsi que les corrections orthopédiques. Cependant, la paralysie cérébrale impose aux parents de lourdes responsabilités, ce qui explique leur intérêt pour d’autres approches, dont l’oxygénothérapie hyperbare.
Les premières études laissaient entrevoir des améliorations dans les fonctions motrices et cognitives, mais la démonstration scientifique restait à établir. Un essai comparatif réalisé au Québec en 2000 a tenté d’apporter une réponse à cette question, mais l’interprétation de ses résultats a plutôt suscité une vive controverse. En effet, des améliorations semblables ont été observées tant dans le groupe témoin soumis à de l’air pressurisé que dans le groupe expérimental recevant de l’oxygène pur en mode hyperbare. Les rares travaux de recherche subséquents n’ont pas réussi à éclairer davantage la question.
Une revue rigoureuse des preuves scientifiques
Pour réaliser son évaluation, l’AETMIS a procédé à une revue rigoureuse et exhaustive de la documentation scientifique et à un examen approfondi des enjeux contextuels de ce dossier.
Au terme de cette étude, l’AETMIS en vient aux conclusions suivantes :
- ’efficacité de l’oxygénothérapie hyperbare pour le traitement de la paralysie cérébrale n’a pas été démontrée scientifiquement à ce jour, et l’incertitude persiste;
- en l’absence de cette démonstration scientifique, ce traitement doit demeurer expérimental pour le moment;
- les résultats de l’étude québécoise réalisée en 2000 indiquent toutefois qu’il est possible que l’hyperbarie ou l’oxygénothérapie soient associées à des améliorations significatives de l’état des enfants aux chapitres de la fonction motrice, des fonctions neuropsychologiques, du langage et de la performance fonctionnelle;
- même si des études sont actuellement en cours sur le sujet aux États-Unis, d’autres études comparatives rigoureuses restent nécessaires pour répondre à la question de l’efficacité de l’OHB pour le traitement de la paralysie cérébrale.
Une incertitude à dissiper
Étant donné que l’incertitude sur l’efficacité de l’OHB dans la prise en charge de la paralysie cérébrale persiste, l’AETMIS recommande que cette question fasse l’objet d’un nouveau projet québécois de recherche subventionné dans le contexte d’une collaboration canadienne ou internationale. L’Agence recommande également que les organismes subventionnaires encouragent et poursuivent des recherches sérieuses sur l’épidémiologie de la paralysie cérébrale et sur les besoins des enfants qui en sont atteints ainsi que sur les enjeux liés aux soins qui leur sont dispensés, de concert avec les intervenants clés et les représentants des parents de ces enfants. Enfin, l’AETMIS recommande qu’une veille attentive soit assurée pour suivre les études américaines et internationales en cours et en évaluer les résultats et les implications avec rigueur.