Extrait d'avis au ministre

Cubicin

Dénomination commune / Sujet : Daptomycine
Nom du fabricant : Oryx
Forme : Poudre injectable intraveineuse
Teneur : 500 mg

Indication : Infection compliquée de la peau et des tissus mous et bactériémie à S. aureus

Recommandation de l'INESSS
Avis de refus – Aspects économique et pharmacoéconomique

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Évaluation publiée le 01 juin 2008

Description du médicament

La daptomycine est un antibiotique de la classe des lipopeptides cycliques. Elle cause la mort des bactéries Gram positif en altérant les fonctions de la cellule. CubicinMC est indiqué au Canada chez l’adulte pour le traitement des infections suivantes :

  • Infections compliquées de la peau et des tissus mous, causées par les souches susceptibles des micro-organismes Gram positif suivants : S. aureus (y compris les souches résistantes à la méthicilline), Streptococcus pyogenes et Streptococcus agalactiae.
  • Infections sanguines (bactériémies) à S. aureus, y compris l’endocardite infectieuse droite (valve naturelle) à S. aureus, causées par les souches sensibles et résistantes à la méthicilline.

Plusieurs antibiotiques utilisés pour ces indications sont inscrits sur les listes de médicaments. Citons, par exemple, la cloxacilline pour les infections à S. aureus sensible à la méthicilline ou la vancomycine et le linézolide (ZyvoxamMC) pour les infections à S. aureus résistant à la méthicilline (SARM).

Valeur thérapeutique

Le traitement des infections compliquées de la peau et des tissus mous avec la daptomycine est documenté par l’étude d’Arbeit (2004). Cet essai randomisé et contrôlé de non-infériorité est conçu pour comparer l’efficacité de la daptomycine à celle d’une antibiothérapie conventionnelle. Les sujets sélectionnés pour recevoir l’antibiothérapie conventionnelle ont reçu une pénicilline résistante aux pénicillinases (comme de la cloxacilline) ou la vancomycine. Les résultats observés au regard du succès global démontrent la non-infériorité de la daptomycine par rapport aux pénicillines résistantes aux pénicillinases ou à la vancomycine. Cependant, lorsque l’infection est causée par le SARM, les critères de non-infériorité ne sont pas rencontrés. Ce fait s’explique probablement par le faible nombre de sujets présentant une telle infection, qui ne permet pas d’obtenir une puissance suffisante pour évaluer adéquatement l’efficacité de la daptomycine contre cette souche.

L’utilisation de la daptomycine comme traitement de la bactériémie à S. aureus est évaluée par l’étude randomisée et contrôlée de Fowler (2006). Le but est de documenter la non-infériorité de la daptomycine, comparativement à une antibiothérapie conventionnelle qui est une pénicilline résistante aux pénicillinases ou la vancomycine. La proportion de sujets présentant un succès global avec la daptomycine est comparable à celle des agents de comparaison et la différence entre les deux traitements rencontre les critères de non-infériorité. Cependant, ces derniers ne sont pas atteints pour plusieurs objectifs secondaires, tel le succès chez les personnes atteintes d’une endocardite infectieuse droite. Les résultats obtenus par rapport à ces objectifs doivent être interprétés avec précaution en raison des limites imposées par les analyses de sous-groupes. On constate, en effet, que le nombre de sujets répartis dans chacun des sous-groupes ne permet pas d’obtenir une puissance suffisante pour établir des conclusions définitives. Il est donc difficile d’évaluer les bénéfices réels en présence d’une souche résistante à la méthicilline ou d’une endocardite infectieuse droite.

En résumé, les résultats de ces études démontrent la non-infériorité de la daptomycine comparativement aux pénicillines résistantes aux pénicillinases ou à la vancomycine pour traiter les infections compliquées de la peau et des tissus mous ainsi que les bactériémies à S. aureus. Le Conseil reconnaît donc la valeur thérapeutique de la daptomycine pour ces indications. Toutefois, il juge que la démonstration de l’efficacité de la daptomycine spécifiquement pour une infection à SARM ou pour une endocardite infectieuse droite n’est pas satisfaisante.

Aspects économique et pharmacoéconomique

La daptomycine est disponible uniquement pour une administration parentérale. Le prix d’une fiole de 500 mg de ce médicament est de 165 $. Le traitement d’une infection compliquée de la peau et des tissus mous par la daptomycine à une dose de 4 mg/ kg/ jour coûte 660 $ pour une durée moyenne de sept jours. Le coût d’un traitement de 14 jours avec la daptomycine à raison d’une dose de 6 mg/ kg/ jour pour une bactériémie à S. aureus est de 1 980 $. En présence d’une souche sensible à la méthicilline, ces coûts sont supérieurs à ceux de la cloxacilline et de la céfazoline. Ainsi, d’un point de vue pharmacoéconomique, la daptomycine ne représente pas une option de traitement coût-efficace lorsque la souche est sensible à la méthicilline. Il est à noter que les comparateurs choisis pour évaluer la justesse du prix sont ceux utilisés pour traiter les infections causées par les bactéries Gram positif excluant le SARM puisque la valeur thérapeutique de la daptomycine n’est pas clairement établie pour le traitement de ce dernier. Par conséquent, la vancomycine, le linézolide, la quinupristine/dalfopristine et la tigécycline, généralement utilisés contre le SARM, n’ont pas été considérés comme traitements comparateurs.

Conclusion

En conséquence, le Conseil a recommandé de ne pas inscrire CubicinMC aux listes de médicaments puisque les critères économique et pharmacoéconomique ne sont pas rencontrés pour traiter les infections causées par un S. aureus sensible à la méthicilline.

 

Principales références utilisées

Arbeit RD, Maki D, Tally FP, et coll. The safety and efficacy of daptomycin for the treatment of complicated skin and skin-structure infections. Clin Infect Dis 2004; 38: 1673-81.

Fowler VG, Boucher HW, Corey GR, et coll. Daptomycin versus standard therapy for bacteremia and endocarditis caused by staphylococcus aureus. N Engl J Med 2006; 355: 653-65.

Note : D’autres références publiées ou non publiées ont été consultées.

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