Extrait d'avis au ministre
Enhertu (cancer du sein métastatique)
Nom du fabricant : AZC
Forme : Pd. Perf. I.V.
Teneur : 100 mg
Indication : Traitement du cancer du sein métastatique ou non résécable HER2 positif
Recommandation de l'INESSS
Inscription -Avec conditions
Décision du Ministre
Inscrire à la liste des médicaments-Établissements-Médicament d'exception (2023-07-06)
Surseoir à la décision (2023-02-01)
Évaluation publiée le 01 février 2023
Téléchargez l'Avis au ministre sur Enhertu (cancer du sein métastatique)
Le cancer du sein est un cancer fréquent chez les femmes au Québec. Lorsque ce cancer est métastatique, c’est-à-dire lorsqu’il s’est propagé à d’autres parties du corps, il n'existe aucun traitement pour le guérir. Environ 15 à 20 % des femmes ont un cancer présentant une quantité importante (surexpression) du récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain (HER2). Cette caractéristique oriente le choix du traitement. Comme traitement initial, la majorité des patientes reçoivent une combinaison de médicaments, soit le trastuzumab (HerceptinMC), le pertuzumab (PerjetaMC) et une chimiothérapie. Si ce traitement n’est pas efficace, le trastuzumab emtansine (KadcylaMC) peut être donné.
Le trastuzumab déruxtécan (EnhertuMC) est un médicament qui cible le HER2. Il est utilisé pour traiter le cancer du sein métastatique qui surexprime le HER2 après l’échec de 1 traitement ou plus. Il vise à retarder la progression de la maladie et à prolonger la vie. Il s’administre par voie intraveineuse.
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du trastuzumab déruxtécan repose sur une étude de bonne qualité. Les résultats démontrent que le trastuzumab déruxtécan ralentit la progression de la maladie et prolonge la vie plus efficacement que le trastuzumab emtansine, le standard de soins à cette intention de traitement. Le trastuzumab déruxtécan est plus toxique que le trastuzumab emtansine. Il peut aussi entraîner, chez certains patients, des maladies pulmonaires qui peuvent être préoccupantes; une surveillance particulière est nécessaire. Le trastuzumab déruxtécan ne semble pas détériorer la qualité de vie des patientes comparativement au trastuzumab emtansine. Ainsi, il représente le nouveau traitement à privilégier à ce stade de la maladie et comble un besoin de santé jugé important.
Le coût de traitement du trastuzumab déruxtécan est élevé. De plus, comparativement au trastuzumab emtansine, le rapport entre son coût et son efficacité (effets sur la durée et la qualité de vie des patientes) n’est pas favorable. L’INESSS estime que durant les 3 premières années de son introduction, le remboursement du trastuzumab déruxtécan entraînerait des dépenses additionnelles d’au moins 64 millions de dollars sur le budget du système de santé pour le traitement d’au moins 913 patientes.
L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patientes et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement capables de retarder la progression de la maladie et de prolonger la vie. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser EnhertuMC à la condition que son utilisation soit encadrée et que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.