Extrait d'avis au ministre

Erbitux

Dénomination commune / Sujet : Cétuximab
Nom du fabricant : B.M.S.
Forme : Solution pour injection intraveineuse
Teneur : 2 mg/ml

Indication : Cancer colorectal métastatique

Recommandation de l'INESSS
Avis de refus – Aspects économique et pharmacoéconomique

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Évaluation publiée le 01 juin 2009

Description du médicament

Le cétuximab est un anticorps monoclonal en partie humanisé qui se lie spécifiquement au récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR). Il est indiqué, entre autres, comme traitement du cancer colorectal métastatique exprimant l’EGFR, soit en association avec l’irinotécan chez les personnes réfractaires aux autres chimiothérapies à base d’irinotécan, ou encore, en monothérapie chez les individus qui ne tolèrent pas la chimiothérapie à base d’irinotécan.

Valeur thérapeutique 

L’étude randomisée et contrôlée de Jonker (2007) a évalué l’utilisation du cétuximab comme traitement de dernier recours chez des sujets atteints d’un cancer colorectal métastatique exprimant l’EGFR. L’efficacité du cétuximab associé aux meilleurs soins de confort est comparée à celle de ces mêmes soins utilisés seuls. Les principaux résultats de cette étude sont les suivants :

  •  l’ajout du cétuximab permet d’obtenir une survie globale médiane plus longue que celle observée avec les meilleurs soins de confort (6,1 mois contre 4,6 mois, p = 0,005);
  •  la survie sans progression est également améliorée significativement chez les personnes recevant le cétuximab;
  •  les personnes recevant le cétuximab présentent une détérioration moins importante de leur capacité fonctionnelle et de leur état de santé global comparativement à celles recevant les meilleurs soins de confort;
  •  l’utilisation du cétuximab entraîne une incidence plus importante d’effets indésirables, notamment, des éruptions cutanées, des réactions lors de la perfusion et des infections non reliées à un état neutropénique.

Ainsi, les résultats de cette étude démontrent que le cétuximab procure des bénéfices cliniques chez cette population. Concernant les données de qualité de vie, le Conseil est d’avis qu’elles doivent être interprétées avec précaution. Plusieurs facteurs ont pu influencer les résultats en faveur du cétuximab comme la présence d’une plus grande proportion de sujets ayant répondu au questionnaire et le devis ouvert de l’étude.

Une analyse rétrospective (Karapetis 2008) des données de l’étude de Jonker a été réalisée afin d’établir le rôle du gène K-ras comme marqueur biologique de la réponse au cétuximab. Il ressort de cette analyse les constats suivants :

  • la survie globale médiane chez les personnes porteuses d’un gène K-ras non muté est de 9,5 mois lorsque le cétuximab est utilisé comparativement à 4,8 mois avec les meilleurs soins de confort (p < 0,001);
  • concernant les individus présentant un gène K-ras muté, la survie globale médiane s’avère semblable, que le cétuximab ait été administré ou non (4,5 mois contre 4,6 mois, p = 0,89).

Le Conseil est conscient des limites inhérentes aux analyses des sous-groupes et des incertitudes qui en découlent. Cependant, l’ampleur de la différence entre les résultats obtenus selon la mutation du gène K-ras lorsque le cétuximab est utilisé sème un doute sur les bénéfices que peuvent obtenir les personnes porteuses d’un gène K-ras muté. En plus, on constate que le cétuximab ne semble pas augmenter la survie globale chez les personnes présentant un gène K-ras muté : celle-ci étant similaire à celle des meilleurs soins de confort. C’est pourquoi le Conseil juge que la démonstration de la valeur thérapeutique pour cette population n’est pas satisfaisante.

En conclusion, l’évaluation des données probantes actuellement disponibles permet au Conseil de reconnaître la valeur thérapeutique du cétuximab comme traitement de dernier recours du cancer colorectal métastatique chez les personnes porteuses d’un gène K-ras non muté.

Aspects économique et pharmacoéconomique

Le coût du traitement avec le cétuximab, chez une personne présentant une surface corporelle de 1,73 m2, est d’environ 14 000 $ pour une période de huit semaines, correspondant à la durée médiane de traitement observée dans l’étude de Jonker.

Du point de vue pharmacoéconomique, une analyse coût-utilité non publiée compare le cétuximab combiné aux meilleurs soins de confort à ces derniers seuls, chez des personnes qui ne tolèrent pas les traitements à base d’irinotécan. Malgré certaines limites méthodologiques, le Conseil est en mesure d’apprécier les résultats obtenus dans une perspective d’un ministère de la santé. Le Conseil juge que les valeurs obtenues de coût par année de vie gagnée pondérée par la qualité du cétuximab utilisé en dernier recours sont très élevées et correspondent à une situation où le produit n’est pas efficient. Cette conclusion est valable autant pour les personnes porteuses du gène K-ras non muté que pour l’ensemble de la population des personnes atteintes de cancer colorectal métastatique. Ainsi, le Conseil juge que le recours à ErbituxMCn’est pas coût-efficace pour cette indication.

Considérations particulières

L’utilisation du cétuximab chez les individus qui voient leur maladie évoluer à la suite de l’essai de chimiothérapie de première et de deuxième intention apporte des bénéfices indéniables. Cependant, dans un contexte d’un traitement à visée palliative, il est important de connaître les effets de ce médicament sur la qualité de vie des personnes traitées afin de mieux apprécier les bénéfices. Or, les données actuellement disponibles sur le sujet sont malheureusement difficilement interprétables et elles ne permettent pas au Conseil de juger adéquatement de l’impact du cétuximab sur la qualité de vie.

Conclusion

En tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé de ne pas ajouter pour ErbituxMC l’indication reconnue concernant le traitement du cancer colorectal métastatique à la Liste de médicaments—Établissements. En effet cette indication ne satisfait pas aux critères économique et pharmacoéconomique.

Principales références utilisées

Jonker DJ, O'Callaghan CJ, Karapetis C, et coll. Cetuximab for the treatment of colorectal cancer. N Engl J Med 2007; 357: 2040-8.

Karapetis C, Khambata-Ford S, Jonker D, et coll. K-ras mutations and benefit from cetuximab in advanced colorectal cancer. N Engl J Med 2008; 359(17): 1757-65.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

 

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