Extrait d'avis au ministre

Multaq

Dénomination commune / Sujet : Dronédarone
Nom du fabricant : SanofiAven
Forme : Comprimé
Teneur : 400 mg

Indication : Fibrillation auriculaire (FA)

Recommandation de l'INESSS
Maintien d’une décision antérieure – Avis de refus – Aspects économique et pharmacoéconomique

Décision du Ministre
Information actuellement non disponible en ligne

Évaluation publiée le 14 octobre 2010

Description du médicament

La dronédarone est un antiarythmique de classe III, analogue de l’amiodarone. Elle est indiquée « pour le traitement des patients qui présentent ou qui ont déjà présenté une fibrillation auriculaire, afin de réduire le risque d’hospitalisation pour cause d’affection cardiovasculaire attribuable à la fibrillation auriculaire ». MultaqMC est le deuxième médicament approuvé pour la prévention des épisodes de fibrillation auriculaire (FA) après la flécaïnide (TambocorMC et autres), un antiarythmique de classe IC. La majorité des médicaments employés lors de FA ne sont pas officiellement reconnus par Santé Canada pour cette indication. C’est le cas de l’amiodarone (CordaroneMC et autres) pour laquelle l’efficacité a toutefois été démontrée dans de nombreuses études.

Valeur thérapeutique

Lors de l’évaluation précédente, le Conseil a reconnu la valeur thérapeutique de la dronédarone sur la base des résultats des études ATHENA, ADONIS et EURIDIS. Les résultats de l’étude ATHENA démontrent un risque d’hospitalisation causée par un évènement cardiovasculaire plus faible dans le groupe traité avec la dronédarone que dans le groupe recevant un placebo. Quant aux effets indésirables, les problèmes gastro-intestinaux ainsi que les problèmes cutanés ont été significativement plus importants avec la prise de dronédarone.

Depuis, l’étude DIONYSOS a été publiée. C’est la seule qui compare directement la dronédarone et l’amiodarone. Il s’agit d’un essai à double insu, qui randomise 504 sujets n’ayant jamais reçu d’amiodarone. L’objectif principal est d’évaluer le risque combiné de l’incidence de récidive de FA ou l’arrêt de traitement lié à des effets indésirables. La durée médiane du suivi a été de 7 mois. Les résultats démontrent :

  • un risque combiné de 75,1 % dans le groupe traité avec la dronédarone par rapport à 58,8 % dans le groupe recevant l’amiodarone, pour un rapport des risques instantanés (RRI) (hazard ratio) de 1,59 (IC95 % : 1,28 à 1,98). Ce risque est principalement lié à la récidive de FA;
  • une proportion plus importante de récidives de FA dans le groupe traité avec la dronédarone (63,5 %) par rapport au groupe recevant l’amiodarone (42,0 %).

Les résultats de l’étude DIONYSOS concordent avec les résultats observés au préalable dans la méta-analyse de Piccini (2009). Cette analyse, qui a recensé neuf études randomisées et contrôlées avec placebo, évalue la prévention des récidives de FA avec l’amiodarone ou la dronédarone. Les résultats de la méta-analyse démontrent également une différence non significative de la mortalité lorsque ces deux anti-arythmiques sont comparés.

L’ensemble des données démontre que la dronédarone est plus efficace qu’un placebo pour prévenir les récidives de FA ainsi que pour réduire les hospitalisations causées par un évènement cardiovasculaire. Cependant, le Conseil déplore l’absence de données comparant l’amiodarone à la dronédarone pour les hospitalisations liées à des évènements cardiovasculaires, d’autant plus que l’étude DIONYSOS vient confirmer que l’amiodarone est plus efficace que la dronédarone pour prévenir les récidives de FA. En effet, les hospitalisations seraient un meilleur indicateur de la morbidité cardiovasculaire que la récidive de FA. Considérant la démonstration des bénéfices de la dronédarone sur la réduction des hospitalisations causées par un évènement cardiovasculaire, le Conseil maintient sa reconnaissance d’une valeur thérapeutique pour la dronédarone.

Aspects économique et pharmacoéconomique

Le coût mensuel du traitement avec la dronédarone est plus élevé que le coût mensuel avec l’amiodarone, qui varie de 31 $ à 62 $ selon la dose utilisée.

Du point de vue pharmacoéconomique, une analyse coût-efficacité non publiée évalue l’efficience de la dronédarone comparativement à l’amiodarone sur le plan des hospitalisations causées par des évènements cardiovasculaires évitées chez les patients atteints de FA. Cette étude est effectuée selon la perspective d’un ministère de la santé et sur un horizon temporel de 22 mois. Les données d’efficacité sur les hospitalisations causées par des évènements cardiovasculaires proviennent de l’étude ATHENA, à laquelle un groupe recevant de l’amiodarone a été intégré.

Selon le Conseil, les résultats d’efficacité de l’amiodarone sont clairement sous-estimés. Ainsi, il ne retient pas les conclusions de l’étude pharmacoéconomique qui reposent sur ces données. Sur la base des informations dont il dispose, le Conseil ne peut justifier un coût de traitement supérieur pour la dronédarone comparativement à l’amiodarone. En conséquence, il juge que la dronédarone ne satisfait pas aux critères économique et pharmacoéconomique pour le traitement de la FA.

Conclusion

En tenant compte de l’ensemble des critères prévus à la Loi, le Conseil a recommandé de nouveau de ne pas inscrire MultaqMC sur les listes de médicaments.

 

Principales références utilisées

Holnloser SH, Harry J, Crijns GM, et coll. (ATHENA). Effect of dronedarone on cardiovascular events in atrial fibrillation. N Eng J Med 2009; 360(7): 668-78.

Le Heusey JY, De Ferrari GM, Radzik D, et coll. A short-term, randomized, double-blind, parallel-group study to evaluate the efficacy and safety of dronedarone versus amiodarone in patients with persistent atrial fibrillation: the DIONYSOS study. J Cardiovasc Electrophysiol 2010; 21(6): 597-605.

Piccini JP, Hasselblad V, Peterson ED, et coll. Comparative efficacy of dronedarone and amiodarone for the maintenance of sinus rhythm in patients with atrial fibrillation. J Am Coll Cardiol 2009; 54(12): 1089-95.

Singh, BN, Connolly SJ, Crijns HJGM, et coll. (EURIDIS and ADONIS). Dronedarone for maintenance of sinus rhythm in atrial fibrillation or flutter. N Eng J Med 2007; 357(10): 987-99.

Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

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