Extrait d'avis au ministre

Le mélanome est un type de cancer de la peau relativement fréquent et grave. Lorsque ce cancer est à un stade précoce, c’est-à-dire qu’il ne s’est pas propagé à d’autres endroits que la peau, il peut être retiré complètement par chirurgie. Malheureusement, lorsque la tumeur est un peu plus profonde, le risque de rechute est élevé, malgré la chirurgie. C’est pourquoi la grande majorité des patients atteints reçoivent une immunothérapie pendant 1 an à la suite de la chirurgie, soit le pembrolizumab (Keytruda). Pour plusieurs raisons, une minorité de patients sont plutôt suivis par le médecin, qui vérifie périodiquement que le mélanome n'est pas réapparu. 

Le nivolumab (Opdivo) est une autre immunothérapie donnée après avoir retiré complètement le mélanome. Tout comme le pembrolizumab, le nivolumab vise à prévenir ou à retarder la réapparition de la maladie et, ainsi, peut-être éventuellement, à prolonger la vie. 

L’évaluation du nivolumab repose sur 2 études. La 1^re est un essai de bonne qualité dans lequel l’efficacité et les effets secondaires du nivolumab sont comparés à ceux d’un placebo. Les résultats montrent que le nivolumab diminue les chances de réapparition du cancer et de l’apparition des métastases par rapport au placebo. Il n’est cependant pas possible de savoir si ce médicament prolonge la vie de patients, mais il ne semble pas en détériorer la qualité. Toutefois, comme mentionné précédemment, la majorité des patients reçoivent maintenant le pembrolizumab après la chirurgie. Par conséquent, une comparaison indirecte entre le nivolumab et le pembrolizumab a également été considérée pour cette évaluation. À la lumière de cette comparaison et de l’opinion des cliniciens consultés, l’INESSS est d’avis que le nivolumab a une efficacité et des effets secondaires qui semblent similaires à ceux du pembrolizumab. Le nivolumab représente donc une option supplémentaire pour le traitement du mélanome à ce stade précoce. 

Le coût de traitement au nivolumab est élevé. Il est d’ailleurs supérieur à celui du pembrolizumab, et ce, pour des bénéfices de santé jugés similaires. Conformément à ses modalités d’évaluation économique (Avis aux fabricants, 2024), l’INESSS n’a pas réalisé d’analyse d’impact budgétaire, puisqu’une analyse de minimisation des coûts a été retenue pour évaluer son efficience. 

L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patients et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement pouvant prévenir la réapparition d’un mélanome une fois ce dernier retiré. Cependant, dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre de rembourser Opdivo^MC, à la condition que son utilisation soit encadrée et que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.