Extrait d'avis au ministre

Tavneos (GPA & PAM)

Dénomination commune / Sujet : avacopan
Nom du fabricant : Otsuka Can
Forme : Co.
Teneur : 10 mg

Indication : Pour le traitement de formes graves de la granulomatose avec polyangéite (GPA) et de la polyangéite microscopique (PAM)

Recommandation de l'INESSS
Refus d’inscription

Décision du Ministre
Surseoir à la décision (2024-04-11)

Évaluation publiée le 03 avril 2024

Téléchargez l'Avis au ministre sur Tavneos (GPA & PAM)

Extrait d'avis au ministre sur Tavneos 578 KiO

La granulomatose avec polyangéite et la polyangéite microscopique sont des vascularites à anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles (VAA). Il s’agit de maladies inflammatoires rares et imprévisibles qui causent des dommages aux petits vaisseaux sanguins puis aux organes qu’ils irriguent. Elles affectent principalement la population âgée. Non traitées, les VAA sont mortelles. Avec les traitements actuels, la survie est de plus de 90 % à 5 ans.

La présentation des VAA est variable. Plusieurs organes peuvent être touchés, mais les dommages aux reins surviennent chez une majorité de patients atteints d’une VAA. Les rechutes sont fréquentes et augmentent les risques de lésions aux organes pouvant mener à leur dysfonction. Les VAA affectent la qualité de vie de ceux qui en sont atteints.

Il n’existe aucun traitement guérissant les VAA. Les traitements actuellement offerts visent à induire une rémission, c’est-à-dire à diminuer rapidement l’inflammation et à limiter les dommages aux organes, puis à maintenir cette rémission. Ils reposent sur les corticostéroïdes, comme la prednisone (WinpredMC et versions génériques), et les immunosuppresseurs tels le rituximab (RiximyoMC, RuxienceMC, TruximaMC), le cyclophosphamide (ProcytoxMC) ou l’azathioprine (ImuranMC et versions génériques). Ces médicaments sont efficaces chez la majorité des patients, mais leurs effets indésirables (EI) contribuent au fardeau de la maladie. Il existe un besoin de nouveaux traitements, au moins aussi efficaces que ceux offerts actuellement pour induire et maintenir une rémission, qui causeraient moins d’EI que ceux-ci ou qui permettraient de réduire l’usage des corticostéroïdes.

L’avacopan (TavneosMC) bloque l’effet du complément C5a, protéine qui active certaines cellules immunitaires jouant un rôle dans le développement des VAA. Le médicament se prend par la bouche, 2 fois par jour, en ajout aux autres traitements.

Les résultats d’une étude de bonne qualité, d’une durée de 52 semaines, réalisée sur des patients ayant une forme grave de VAA, indiquent que l’avacopan permet d’atteindre un taux de rémission semblable à celui procuré par un traitement à base de prednisone. Les conclusions quant au maintien de la rémission sont plus incertaines. L’utilisation de l’avacopan permet de diminuer la quantité de corticostéroïdes nécessaires pour atteindre une rémission ainsi que plusieurs des EI associés à leur utilisation. Il pourrait également améliorer la qualité de vie des patients ainsi que le fonctionnement des reins chez ceux ayant initialement des dommages à ces organes. L’avacopan semble globalement bien toléré. Les EI les plus fréquents de l’avacopan sont les maux de tête, les nausées et les vomissements. Quoique peu fréquentes, des anomalies graves de la fonction du foie sont plus nombreuses avec l’avacopan qu’avec un traitement de prednisone. En permettant d’atteindre une rémission tout en diminuant l’utilisation des corticostéroïdes, l’avacopan pourrait répondre en partie au besoin de santé des patients atteints d’une VAA.

Le coût de traitement par l’avacopan est élevé. De plus, comparativement à la prednisone, le rapport entre son coût et son efficacité (effets sur la durée et la qualité de vie des patients) n’est pas favorable. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, le remboursement de l’avacopan entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 13,1 millions de dollars sur le budget de la RAMQ pour le traitement de 234 patients.

L’impact de l’avacopan sur l’utilisation des soins de santé est incertain. Il pourrait contribuer à réduire l’utilisation des ressources occasionnée par les EI induits par les corticostéroïdes, ou à augmenter le délai d’apparition d’une insuffisance rénale et celui du recours à la dialyse. Par ailleurs, la fréquence et la gravité des anomalies hépatiques causées par l’avacopan en contexte réel de soins de même que leur effet sur l’utilisation des ressources ne sont pas documentés.

L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patients et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement efficaces susceptibles de réduire le fardeau de la maladie et de sa prise en charge. Cependant, dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi, en raison des incertitudes soulevées et bien qu’il en ait reconnu la valeur thérapeutique, l’INESSS recommande au ministre de ne pas rembourser TavneosMC pour le traitement des patients atteints de VAA.

Abonnez-vous à notre infolettre dès maintenant

Abonnement