Extrait d'avis au ministre
Trodelvy (cancer du sein)
Nom du fabricant : Gilead
Forme : Pd. Perf. I.V.
Teneur : 180 mg
Indication : Pour le traitement du cancer du sein localement avancé non résécable ou métastatique, positif pour les récepteurs hormonaux et ne surexprimant pas ou surexprimant légèrement le récepteur de type 2 du facteur de croissance épidermique humain (human epidermal growth factor receptor-2; HER2)
Recommandation de l'INESSS
Inscription – Avec conditions
Décision du Ministre
Surseoir à la décision (2024-04-11)
Évaluation publiée le 03 avril 2024
Téléchargez l'Avis au ministre sur Trodelvy (cancer du sein)
Recommandation de l'INESSS 662 KiO
Le cancer du sein est un cancer fréquent chez les femmes au Québec. Il peut aussi toucher les hommes, mais cela survient rarement. Lorsque ce cancer ne peut pas être retiré totalement par chirurgie ou qu’il est métastatique, c’est-à-dire lorsqu’il s’est propagé à d’autres parties du corps, il n'existe aucun traitement pour le guérir. À ce stade de la maladie, chez plus de la moitié des patientes, le cancer présente des récepteurs hormonaux (RH+) et ne produit pas, ou fabrique en faible quantité seulement, le récepteur du facteur de croissance épidermique humain (HER2-, y compris HER2-faible). Actuellement, ces patientes se voient généralement offrir un traitement de type « hormonothérapie » en association avec un médicament de la classe des « inhibiteurs du CDK4/6 ». Si le cancer progresse, d’autres hormonothérapies, différentes de la 1re, peuvent être envisagées. Elles peuvent être administrées seules ou associées à d’autres médicaments. Lorsque le cancer ne répond plus aux traitements comprenant 1 hormonothérapie, les patientes se voient alors offrir une succession de chimiothérapies, dont les taxanes. Le trastuzumab déruxtécan (EnhertuMC) est également une option pour certaines patientes dont le cancer produit en faible quantité le récepteur HER2 (HER2-faible). Ce médicament n’est présentement pas remboursé au Québec. Au stade de la maladie dont il est question dans la présente évaluation, les chimiothérapies généralement offertes sont la capécitabine, l’éribuline, la gemcitabine et la vinorelbine.
Le sacituzumab govitecan (TrodelvyMC) est un traitement combinant un anticorps qui cible une protéine particulière sur les cellules cancéreuses, appelée Trop-2, et qui libère un médicament anticancéreux à l’intérieur de celles-ci. Il est utilisé pour traiter le cancer du sein RH+ et HER2- (y compris HER2-faible) au stade avancé, chez les personnes qui ont déjà reçu au moins 1 traitement de type « hormonothérapie » et 2 chimiothérapies. Comme les autres thérapies offertes à ce stade de la maladie, le sacituzumab govitecan vise à ralentir la progression de la maladie, à prolonger la vie et à améliorer le confort des patientes. Il s’administre par injection intraveineuse.
L’évaluation de l’efficacité et des effets secondaires du sacituzumab govitecan repose sur une étude de bonne qualité réalisée sur des personnes atteintes d’un cancer du sein RH+ et HER2- (y compris HER2-faible) qui avaient déjà reçu au moins 1 hormonothérapie, 1 inhibiteur du CDK4/6 et 2 chimiothérapies, dont 1 de type taxane. Les résultats montrent que le sacituzumab govitecan retarde la progression de la maladie et prolonge la vie, par rapport aux chimiothérapies usuelles. Ses effets secondaires sont globalement acceptables, selon les cliniciens consultés, mais certains peuvent être importants et doivent être surveillés, comme les nausées, la baisse des globules blancs et la diarrhée. Enfin, ce traitement ne semble pas compromettre la qualité de vie des patients et pourrait en retarder la détérioration par rapport aux chimiothérapies, sauf en ce qui concerne le symptôme de diarrhée évalué dans les questionnaires de qualité de vie. Pour les patientes qui seraient admissibles au trastuzumab déruxtécan (HER2-faible), l’étude ne permet pas de déterminer l’effet du sacituzumab govitecan s’il était administré à la suite de ce médicament, ni de comparer leur efficacité. Cela engendre une incertitude sur la séquence de traitement qui serait à privilégier chez ces personnes.
Le coût de traitement au sacituzumab govitecan est élevé. De plus, comparativement aux chimiothérapies, le rapport entre son coût et son efficacité (effets sur la durée et la qualité de vie des patientes) n’est pas favorable. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’ajout d’une indication reconnue au sacituzumab govitecan entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 13,3 millions de dollars sur le budget des établissements de santé pour le traitement de 285 patientes.
L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patientes et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement pouvant retarder la progression de la maladie et prolonger la vie. Dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. C’est pourquoi l’INESSS recommande au ministre d’ajouter une indication reconnue à TrodelvyMC, à la condition que son utilisation soit encadrée et que le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé.