Extrait d'avis au ministre
Yescarta (LF)
Nom du fabricant : Gilead
Forme : Susp. Perf. I.V.
Teneur : ≤ 200 000 000 cellules CAR-T
Indication : Pour traitement des adultes atteints d’un lymphome folliculaire (LF) récidivant ou réfractaire
Recommandation de l'INESSS
Refus d’inscription
Décision du Ministre
Ajouter une indication reconnue à la liste des médicaments- Établissements- Médicament d'exception (2024-09-26)
Surseoir à la décision (2024-02-01)
Évaluation publiée le 27 décembre 2023
Téléchargez l'Avis au ministre sur Yescarta (LF)
Le lymphome folliculaire est une des formes les plus fréquentes de lymphome non hodgkinien. Il apparaît habituellement chez les adultes de 50 ans ou plus et l’âge moyen lors du diagnostic est d’environ 60 ans. Bien que ce cancer ait des conséquences graves, il progresse généralement lentement. Un patient atteint de ce cancer peut avoir une espérance de vie de plus de 10 ans. Des médicaments sont offerts lorsque des symptômes apparaissent. Actuellement, les patients reçoivent initialement différents traitements qui comprennent généralement une immunothérapie en association avec une chimiothérapie, mais il n’y a pas de standard de soins reconnu après l’échec de 2 de ces traitements. Aucun des traitements offerts n’est curatif et la réapparition de la maladie (rechute) à plus ou moins long terme est inévitable. Les personnes atteintes de ce cancer reçoivent donc au cours de l’évolution de leur maladie plusieurs traitements avec des pauses plus ou moins longues entre les traitements. À chaque rechute, la maladie devient de plus en plus difficile à traiter par les options thérapeutiques existantes.
L’axicabtagène ciloleucel (YescartaMC [axi-cel]) est une thérapie cellulaire, plus précisément une immunothérapie par cellules T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T). L’immunothérapie se base sur le concept selon lequel les cellules immunitaires peuvent reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. Pour fabriquer les thérapies CAR-T, il faut d’abord prélever les globules blancs du sang du patient, puis les acheminer vers un laboratoire spécialisé, qui les modifiera génétiquement afin qu’ils détruisent les cellules cancéreuses. L’axi-cel s’administre par voie intraveineuse en 1 dose unique et peut être offert après l’échec d’au moins 2 traitements. Tout comme les autres options de traitements, l’axi-cel vise à ralentir la progression de la maladie ou à améliorer la qualité de vie, sans toutefois pouvoir guérir ce cancer.
L’évaluation de l’efficacité et des effets indésirables de l’axi-cel repose sur une étude de faible qualité méthodologique, notamment en raison de l’absence de comparateur. Néanmoins, cette étude rapporte des résultats prometteurs, concernant, entre autres, le nombre de patients qui présentent une réponse au traitement, ainsi que la profondeur et la durée de la réponse au traitement. Une analyse additionnelle compare indirectement cette thérapie aux différents traitements qui peuvent être offerts après l’échec d’au moins 2 traitements. Les résultats de cette analyse suggèrent que l’efficacité de l’axi‑cel est supérieure à l’efficacité moyenne du regroupement de traitements. Une incertitude demeure cependant quant à l’ampleur des bénéfices d’efficacité par rapport aux traitements utilisés en pratique au Québec. Les effets indésirables le plus fréquemment rapportés concernant l’axi-cel comprennent la fièvre, la diminution des globules blancs, l’hypotension et les maux de tête. Les plus notables des effets indésirables potentiellement graves associés à l’axi-cel sont la réponse inflammatoire appelée syndrome de relargage de cytokines et les événements neurologiques. Ces événements peuvent toutefois être pris en charge par du personnel formé. Ces effets indésirables s’apparentent à ceux des autres thérapies CAR-T présentement remboursées au Québec.
En raison des modalités d’administration du traitement et du suivi de ses effets indésirables s’étendant sur plusieurs jours, seuls certains centres désignés (3 actuellement au Québec pour le traitement des adultes) sont autorisés à administrer le produit. Le patient doit demeurer à proximité du centre désigné pour une durée approximative de 1 mois.
Le coût de traitement de l’axi-cel est élevé. De plus, comparativement aux chimiothérapies et aux immunochimiothérapies, le rapport entre son coût et son efficacité (effets sur la durée et la qualité de vie des patients) n’est pas favorable, et hautement incertain. L’INESSS estime que durant les 3 premières années, l’ajout d’une indication reconnue à l’axi-cel entraînerait des dépenses additionnelles d’environ 15 millions de dollars sur le budget des établissements de santé pour le traitement de 35 patients.
L’INESSS est conscient de l’importance, pour les patients et leurs proches, d’avoir accès à différentes options de traitement. Cependant, dans un contexte de ressources limitées, il doit formuler des recommandations pour que ces ressources soient investies de façon responsable dans l’ensemble du système de santé. Dans ce contexte, puisque le coût de cette thérapie est très élevé par rapport aux bénéfices démontrés et qu’il engendre des coûts additionnels très importants sur le budget des établissements de santé, l’INESSS recommande au ministre de ne pas inscrire YescartaMC pour le traitement du lymphome folliculaire.