Médicaments génériques
Qu’entend-t-on par médicament générique?
Un médicament générique est en quelque sorte une réplique du médicament innovateur. Il peut faire son apparition sur le marché dès que le brevet du produit d'origine est expiré. Il contient les mêmes ingrédients actifs, en même quantité, et il doit se conformer aux mêmes normes fédérales strictes, notamment au regard de la fabrication et du contrôle de la qualité du produit. Le médicament générique est donc considéré comme équivalent du point de vue thérapeutique au produit d’origine. Il peut exister une différence en ce qui a trait à la présentation du médicament, ce qui inclut la forme, le format, la couleur ou le goût, puisque les ingrédients inactifs (colorant, saveur, agent de conservation) ne sont pas nécessairement les mêmes pour les deux produits. Toutefois, le fabricant du médicament générique se doit de démontrer que ces différences n’altèrent pas la qualité, l’efficacité et la sécurité du produit.
Les médicaments génériques sont-ils de qualité inférieure aux médicaments innovateurs?
L’organisme régulateur fédéral, Santé Canada, est chargé d’encadrer la mise en marché de l’ensemble des médicaments et de voir à la sécurité et à la qualité des produits, qu’ils soient innovateurs ou génériques. Les ingrédients actifs d'un médicament générique et d'un médicament innovateur doivent respecter les mêmes normes scientifiques fixées par la Direction des produits thérapeutiques de la Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada. Quant aux excipients utilisés pour les médicaments génériques et les médicaments innovateurs, ils proviennent d'une gamme limitée de produits. L’avis de conformité émis par Santé Canada signifie que le produit répond aux normes du Règlement sur les aliments et drogues concernant, entre autres, l’efficacité, la sécurité, la pureté et la qualité de fabrication du produit.
Comment expliquer le coût moindre des génériques, les normes de qualité étant les mêmes?
La principale raison expliquant la différence de coût entre un médicament innovateur et sa version générique réside dans le fait que les fabricants de médicaments génériques ont à investir beaucoup moins de temps et d’argent en recherche et développement, comparativement aux entreprises innovatrices. En effet, le brevet protégeant une nouvelle molécule pharmaceutique innovatrice est octroyé pour autant que le breveté rende publique toute information critique concernant ladite molécule. À l’expiration du brevet, la « recette » peut alors être utilisée plus largement. La promotion d’un produit innovateur contribue également à son coût plus élevé. Le fait que les médicaments génériques coûtent moins cher que leurs équivalents innovateurs ne signifie en aucun cas une réduction de la rigueur en ce qui a trait aux normes de qualité. Au contraire, tous les médicaments doivent respecter les mêmes normes scientifiques strictes.
Que signifie le terme bioéquivalence?
Selon Santé Canada, la bioéquivalence se définit comme étant une forte similitude de la biodisponibilité de deux produits pharmaceutiques qui contiennent le même ingrédient actif à la même dose (par exemple, un innovateur et son équivalent générique). La biodisponibilité d’un produit caractérise la vitesse et le degré d’absorption de la substance active dans la circulation générale. C’est donc dire que deux produits bioéquivalents sont absorbés de façon semblable et donc ils sont peu susceptibles de produire des différences cliniques en ce qui concerne les effets thérapeutiques et les effets indésirables.
Afin de déterminer si deux produits sont bioéquivalents, on effectue des études qui visent à mesurer la concentration des ingrédients actifs dans le sang de volontaires en santé. Chaque participant à l’étude reçoit le médicament innovateur et le médicament générique. Avec le résultat de plusieurs prélèvements, on évalue si le médicament générique est absorbé de la même façon que le médicament d’origine.
L'INESSS exige-t-il une preuve de bioéquivalence avec le produit innovateur lorsqu’il évalue un médicament générique?
Oui. Une preuve de bioéquivalence est un élément requis dans un dossier de demande d’inscription d’un médicament générique. Il s’agit d’un document qui démontre que le produit générique est bioéquivalent au produit innovateur selon les normes de Santé Canada. Ce document peut être, par exemple, l’avis de conformité sur lequel est mentionné le produit de référence canadien ou le rapport sommaire des résultats des études de bioéquivalence soumises à Santé Canada pour l’obtention de l’avis de conformité.
Comment la bioéquivalence entre les médicaments génériques et les médicaments innovateurs est-elle établie par Santé Canada?
Compte tenu des nombreux éléments pris en compte pour établir la bioéquivalence entre les médicaments génériques et les médicaments innovateurs, vous êtes invités à consulter le site Web de Santé Canada. En y recherchant le terme « bioéquivalence » vous obtiendrez des détails sur les normes de bioéquivalence établies par Santé Canada pour les différentes catégories de produits.
Que signifie exactement la règle du 80 % à 125 % qui est parfois véhiculée?
La règle du 80 % à 125 % fait référence aux normes de Santé Canada à respecter pour déterminer la bioéquivalence entre deux produits. Dans le cadre d’une étude de bioéquivalence, les résultats doivent démontrer que certains paramètres décrivant l’absorption du produit générique sont semblables à ceux du produit innovateur, c’est-à-dire :
- L’intervalle de confiance à 90 % de la moyenne relative de la surface sous la courbe de la concentration en fonction du temps (SSC) du produit à l’essai par rapport à celle du produit de référence devrait être compris entre 80 % et 125 % inclusivement.
- La concentration maximale (Cmax) moyenne relative du produit à l’essai par rapport au produit de référence devrait être comprise entre 80 % et 125 % inclusivement.
Ces deux éléments ne sont qu’une partie des normes de Santé Canada en matière de bioéquivalence. Par ailleurs, cette « règle du 80 % à 125 % » s’applique pour la plupart des médicaments. Toutefois, les exigences peuvent être différentes pour certaines catégories de médicaments, par exemple ceux ayant un index thérapeutique étroit.
Qu’en est-il des exigences en matière de bioéquivalence pour les médicaments qui ont des propriétés pharmacocinétiques particulières?
Santé Canada a des exigences particulières en matière de bioéquivalence, notamment pour les médicaments combinés, les médicaments à longue demi-vie, les médicaments pour lesquels la rapidité de la manifestation de l’effet ou de l’absorption est importante (médicaments à apparition rapide) et les médicaments de formes pharmaceutiques à libération modifiée.
De plus, Santé Canada qualifie certains médicaments de « médicament à dose critique ». Cette catégorie inclut les médicaments pour lesquels des différences de dose ou de concentration relativement légères entraînent des échecs thérapeutiques ou des réactions indésirables potentiellement graves. Cette catégorie inclut les médicaments suivants : cyclosporine, digoxine, flecaïnide, lithium, phénytoïne, sirolimus, tacrolimus, théophylline et warfarine. Pour ces médicaments, Santé Canada applique des normes de bioéquivalence plus strictes entre les produits innovateurs et les produits génériques, c’est-à-dire :
- L’intervalle de confiance à 90 % de la moyenne relative de la surface sous la courbe de la concentration en fonction du temps (SSC) du produit à l’essai par rapport à celle du produit de référence devrait être compris entre 90 % et 112 % inclusivement.
- L’intervalle de confiance à 90 % de la concentration maximale (Cmax) moyenne relative du produit à l’essai par rapport au produit de référence devrait être compris entre 80 % et 125 % inclusivement.
De plus, ces exigences doivent être respectées tant chez les sujets à jeun que chez les sujets non à jeun.
Le lecteur est invité à rechercher le terme « bioéquivalence » sur le site Web de Santé Canada pour obtenir plus d'information.
Est-il exact que le changement d’un médicament innovateur à un produit générique peut entraîner des variations de la concentration sanguine du médicament?
Il est possible que le changement d’un médicament innovateur à un produit générique entraîne des variations de la concentration sanguine de médicament. Les études de bioéquivalence sont d’ailleurs conçues pour s’assurer que ces variations, si présentes, soient minimes afin de n’entraîner aucune conséquence clinique négative.
L’inscription d’un médicament générique à la Liste de médicaments du régime général signifie-t-elle que le pharmacien peut substituer le produit sans crainte?
Les médicaments génériques inscrits à la Liste de médicaments sont généralement bioéquivalents au produit innovateur selon les normes établies par Santé Canada. Cependant, la Liste de médicaments n’a pas pour but d’établir pour un médicament donné son interchangeabilité avec d’autres produits inscrits à la liste; elle est axée sur une classification des médicaments dont le coût est garanti par le régime général, ainsi que sur le prix et la méthode d’établissement du prix assumé par la Régie de l’assurance maladie du Québec. Il appartient au pharmacien de substituer un produit en accord avec les lois professionnelles en vigueur au Québec et d’informer les patients concernant le médicament prescrit.
Un prescripteur peut-il demander qu’un patient reçoive la marque prescrite plutôt qu’une autre version?
Un prescripteur peut indiquer sur l’ordonnance qu’il souhaite que le patient reçoive la marque prescrite et non une autre marque de commerce du médicament. Cela peut se faire pour un médicament innovateur ou pour un médicament générique.
Ainsi, si le prescripteur fait la mention «Ne pas substituer» et inscrit sur l'ordonnance un code justificatif qui correspond à des considérations thérapeutiques reconnues et spécifiques à la condition du patient, le médicament sera remboursé à son propre prix et non au prix le plus bas de la dénomination commune. Il pourra s’agir par exemple, d’une allergie ou d’une intolérance documentée à une composante du médicament autre que le principe actif, ou bien d’une forme pharmaceutique qui ne convient pas au patient. En l’absence de considérations thérapeutiques reconnues, la personne assurée qui le désire pourra obtenir le médicament innovateur malgré l’existence d’un médicament générique moins cher, mais elle devra s’acquitter de la différence de coût entre le prix du médicament innovateur et le prix le plus bas des versions génériques. En effet, le coût remboursé correspondra au prix le plus bas des différentes marques de commerce de médicaments d’un même principe actif.
Ces nouvelles règles concernant le recours à la mention « Ne pas substituer » sont entrées en vigueur le 24 avril 2015 pour les nouvelles ordonnances, et le 1er juin 2015 pour les renouvellements d’ordonnances.
Dénomination commune | Indications reconnues pour le remboursement (à certaines conditions) | Produits | Application de la méthode du prix le plus bas (PPBi) | |
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Imatinib (mésylate d') |
Leucémie myéloïde chronique Leucémie lymphoblastique aiguë |
GleevecMC Apo-ImatinibMC Teva-ImatinibMC | Oui | |
Imatinib (mésylate d') Tumeur stromale gastro-intestinale | Tumeur stromale gastro-intestinale | GleevecMC |
Non (remboursement complet) |
i Le PPB est le prix établi selon la méthode du prix le plus bas pour certaines dénominations communes inscrites à la Liste de médicaments produites par deux fabricants ou plus. La méthode du prix le plus bas est basée sur le prix de vente garanti pour les pharmaciens le moins élevé soumis par un fabricant pour un format donné.